SCOOP: une nouvelle technologie française made in Grenoble / SOLEN

La scène est éthérée, les informations nettement détourées ; surtout, leurs graves saisissent d'agilité, révèlent avec nervosité la complexité des basses de n'importe quel morceau. Une fois passée l'inévitable stupeur face à la foule d'informations dans les basses qu'une telle réactivité fait apparaître, on est forcés de se demander : comment font-elles ?

L'idée lui est venue lorsqu'il passe chez un ami et ses grandes enceintes à pavillons, ces imposants meubles qui étaient auparavant la norme mais qui ne correspondent aujourd'hui plus du tout aux standards de compacité.

Ce n'est évidemment pas la première fois qu'il en écoute, mais ce jour-là, une inspiration lui vient : cette fluidité laissant chaque fréquence libre de se faufiler entre ses voisines, en toute lisibilité, vient surtout de l'aisance absolue de leurs graves permise par la technologie de ces enceintes. Le défi qui germe dans l'esprit de Frédéric est alors de réussir à conserver cette souplesse tout en s'affranchissant de la nécessité d'un objet aussi massif.

Pour bien comprendre les enjeux de cette mission, il faut expliquer pourquoi les graves occupent légitimement cette place privilégiée dans sa réflexion.

Le bas du spectre n'est pas seulement le domaine de l'assise ou de l'immersion, c'est aussi un point névralgique de la définition. Des graves baveux ou enflés viennent écraser le reste des fréquences, au détriment de la dynamique qui ne trouve plus la place d'exprimer ses plus fins contrastes.
Sont occultées une myriades de petites informations qui, ajoutées les unes aux autres, forment les racines de notre impression d'authenticité du son ; l'incarnation d'une voix, l'aération de la scène, le réalisme des réverbérations : toutes ces propriétés sont bâties sur ces infimes détails perçus à l'orée de la conscience. 

A l'opposé des grosses enceintes à pavillons de l'ami de Frédéric, de nos jours, l'immensité des enceintes du marché fonctionnent selon la technologie bass-reflex. Grosso modo, une ouverture dans l'enceinte, l'évent, comprend un tube résonnateur aux dimensions précises lui permettant de résonner sur une plage de fréquences choisie. Lorsque l'air déplacé par l'arrière du haut-parleur fait vibrer l'intérieur de la caisse, ce tube résonne selon son accordage, qui correspond aux fréquences les plus basses. Allez, c'est un peu comme si vous équipiez votre enceinte d'un didgeridoo qui jouerait les notes les plus graves à la place du haut-parleur.

Il faut savoir que c'est la restitution des basses fréquences qui demande le plus grand effort à celui-ci. Ce sont elles qui demandent aux membranes la plus grande surface et la plus grande capacité d'élongation, des contraintes qui influent sur le choix du haut-parleur ; de plus, l'ample et puissant battement de la membrane l'empêche d'osciller plus finement pour exprimer tous les détails. Confier à un résonnateur les fréquences les plus basses, responsables de l'assise, permet d'opter pour de plus petits haut-parleurs, bien plus aptes à rendre justice à la minutie du milieu du spectre, et au passage de réduire sensiblement la taille de la caisse.

Pourquoi Frédéric serait-il donc en quête d'une meilleure solution ?

Premièrement, c'est que le temps que met l'intérieur de la caisse à vibrer puis à faire résonner le tube est un délai incompressible. Concrètement, cela se traduit par l'impossibilité de restituer fidèlement les signaux rapides - les transitoires - cruciaux à la dynamique, ainsi que de nombreuses modulations qui disparaissent purement et simplement. On parle couramment d' "effet de boîte" pour décrire le son typique de ces graves perturbés.

Deuxième problématique, le volume d'air déplacé à l'intérieur de la caisse et du résonnateur oppose sa propre résistance et diminue le rendement de l'enceinte, c'est-à-dire l'efficience avec laquelle elle transforme le courant en pression acoustique.

Dernier revers de médaille, ce système altère la qualité de la musique, l'affublant d'une résonnance singulière appelée "son de tuyau".

Ces trois corollaires regrettables du bass-reflex sont considérés comme des compromis nécessaires à l'obtention d'enceintes conjuguant compacité et basses profondes ; à moins que... Solen !

S'affranchir de cette technologie tout en conservant l'exigence de compacité lui a pris deux années, mais Frédéric y est finalement parvenu avec la technologie Hybrid Enclosed Line (HEL), brevetée par ses soins. Ici, le haut-parleur ne joue pas avec le volume de l'enceinte, mais directement avec sa propre ligne acoustique accordée qui débouche à l'arrière de l'enceinte, ce qui déjoue les trois faiblesses du bass-reflex.

Les transitoires ne souffrent plus de l'arrivée différée des basses, le haut-parleur ne lutte plus pour brasser de l'air piégé puisqu'il est directement expulsé de l'embouchure de la ligne, et tout ceci sans teinter la musique puisque le son ne résonne plus avec la caisse.

Le résultat ?
Edifiant d'ampleur et de dynamisme. La musique danse librement et ses graves, ses fondations, sont claquants, profonds et complexes.
Difficile de décrire le gain en informations et en fraîcheur dans toute la moitié basse du spectre tant cette technologie SOLEN en dévoile une nouvelle dimension, faite de modulations inouïes et de vivacité insoupçonnée ; en somme, rencontrer une nouvelle fois l'étonnement face à ce que peut produire la haute fidélité.

Au final, c'est peut-être ça, le véritable succès de ces enceintes Solen : on se surprend à écouter de la musique comme si c'était la première fois...